Anais Moutot, correspondante Les echos.fr à San Francisco le 31/03/2016
_Les messageries instantanées se transforment en super-plateformes où des robots conversationnels aident à exécuter tout type de tâches – commander un VTC, réserver un billet d’avion ou choisir le fromage sur sa pizza.
“Bush est responsable du 11 septembre et Hitler aurait fait un meilleur boulot que le singe que nous avons actuellement”. Voici l’une des déclarations très nuancées que Tay, le “chatbot” de Microsoft lancé le 23 mars dernier avec une photo de profil d’adolescente, a fait sur Twitter il y a quelques jours, conduisant l’entreprise de Redmond à suspendre en urgence son compte et à s’excuser platement vendredi dernier.
« Malheureusement, dans les 24 premières heures où elle (Tay) était en ligne, nous avons constaté un effort coordonné par certains utilisateurs pour maltraiter Tay et son habilité à communiquer afin qu’elle réponde de manière inappropriée », avait expliqué Microsoft dans un communiqué.
Cet incident montre les limites de ce type de technologie : le robot, nourri des conversations des humains sur Twitter, est devenu raciste à leur contact. Mais cela n’a pas empêché Microsoft de présenter ce type de robots conversationnels comme le pivot de sa nouvelle stratégie, à l’occasion de sa conférence pour les développeurs organisée à San Francisco mercredi.
“Cette transition vers les bots est aussi importante que l’arrivée du web ou l’utilisation de l’écran tactile sur les smartphones”, a déclaré Satya Nadella, le PDG de la société, face à un parterre de 5.000 développeurs. L’idée d’un robot discutant avec les humains n’est pas nouvelle. Dès 1964, un programme informatique baptisé Eliza simulait les talents d’un psychothérapeute face à un patient.